Non, non, je ne parle pas d’une erreur de l’un ou de l’autre mais d’un fait qui dure depuis le début de notre pratique de compostage. Nos petites épluchures intéressent un animal qui vient en grand nombre dans la phase de maturation une fois la température redescendue. Il suffit que le taux d’humidité soit assez élevé pour qu’il prenne le dessus sur les vers de terre. Les cloportes, puisqu’il s’agit d’eux, ne sont pas des insectes, mais bien des proches cousins de la langouste ou de la crevette qui ont su s’affranchir totalement du milieu marin.
comportement social du cloporte!
Cette sortie des eaux comporte un inconvénient majeur : ils doivent faire face à un dessèchement accéléré, dont leur carapace segmentée ne les protège pas. C’est la raison pour laquelle ces animaux s’entassent pour former des agrégats ou la transpiration forme un microclimat humide protecteur.
La lutte contre cette dessiccation mortelle a donc été le premier pas évolutif vers un comportement social indiquent deux chercheurs, Pierre Broly et Jean Louis Deneubourg, de l’université libre de Bruxelles.
Les isopodes terrestres (c’est le nom savant des cloportes) possèdent aujourd’hui une distribution mondiale et une grande diversité d’écologies. L’observation de notre composte collectif peut ainsi nous amener à réfléchir sur une étape important dans l’histoire évolutive de la vie sur notre planète : la conquête du milieu terrestre.
Cette approche scientifique des cloportes remet en cause l’acceptation populaire de l’injure » espèce de cloporte » qui désigne une personne peu dynamique et coupée du monde, comme un ermite. En fait il n’y a pas plus sociable qu’une colonie de cloporte, n’en déplaise au capitaine Haddock.